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Le grand invité Afrique

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  • Présidentielle en Côte d'Ivoire: «Les pratiques politiques n'ont fondamentalement pas changé»
    Paul Biya réélu pour un huitième mandat au Cameroun avec 53% des voix, Alassane Ouattara réélu pour un quatrième mandat en Côte d'Ivoire avec 89% des voix selon des résultats provisoires. Depuis l'annonce de ces résultats électoraux ce lundi, les commentaires vont bon train. Que disent ces deux élections de l'état de la démocratie en Afrique ? Gilles Yabi est le fondateur et le directeur exécutif du think tank citoyen Wathi. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Au Cameroun, Paul Biya est proclamé vainqueur, mais Issa Tchiroma dit que c'est une mascarade. Qu'est-ce que cela vous inspire ? Gilles Yabi : Alors, je crois que les conditions de cette élection ne la rendaient pas vraiment crédible. En fait, lorsqu'on a un délai aussi important entre le jour du vote et la proclamation des résultats, on se pose toujours la question finalement de ce qui se passe pendant cette période. Et finalement, pourquoi est-ce qu'on ne pouvait pas avoir des résultats provisoires annoncés très rapidement, bureau de vote par bureau de vote, région par région. Et on sait très bien que c'est cela qui permet de limiter les possibilités de manipulation d'une élection. Alors, il s'est passé en effet plus de deux semaines entre le jour du vote et le jour des résultats. Il y a quatre mois, quand Issa Tchiroma a démissionné du gouvernement pour se porter candidat, le parti au pouvoir RDPC a pensé que les Camerounais favorables à l'opposition ne pardonneraient pas à Tchiroma ses longues années au pouvoir. Pourquoi cette erreur de stratégie de la part du RDPC ? Je crois que le pouvoir en place a sous-estimé peut-être la volonté de changement des Camerounais et le sentiment d'un véritable ras-le-bol. Ce n'est pas la première fois qu'en réalité, on a des processus électoraux qui sont peu crédibles, et on sait même que feu John Fru Ndi était censé avoir gagné une élection face à Paul Biya il y a déjà quelques décennies, en 1992. Et donc cette fois-ci, c'était vraiment la candidature de trop, compte tenu de la longévité au pouvoir, mais aussi compte tenu de l'âge du président Biya. Alors pour faire plier Issa Tchiroma, le pouvoir, selon notre confrère Jeune Afrique, lui a proposé le poste de Premier ministre. Ça n'a pas marché. Le pouvoir a ensuite fait arrêter plusieurs de ses proches. Mais pour l'instant, l'homme fort de Garoua ne semble pas vouloir céder. Quelle peut être sa stratégie à présent ? Alors, je ne sais pas. Évidemment, on voit qu'il y a quand même beaucoup de colère. Elle s'est exprimée dans les grandes villes du Cameroun. Et évidemment, dans le nord du pays, on peut penser que les tensions seront encore plus fortes qu'ailleurs. Et on voit bien aussi que, du côté du pouvoir, on a déjà évidemment l'outil de la répression. Donc, je crois qu'on rentre dans une épreuve de force. Je ne suis pas sûr pour l'instant qu’Issa Tchiroma soit prêt à accepter l'état de fait d'une victoire à nouveau du président Biya. Evidemment, on ne peut pas exclure que cette épreuve de force aille très loin. Autre réélection ce mois-ci, celle d'Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire. Elle a été moins mouvementée qu'au Cameroun. Mais là aussi, on déplore des violences meurtrières entre manifestants et forces de l'ordre. Il y a eu des morts. Pourquoi ces tensions qui perdurent au pays d'Houphouët-Boigny ? Parce qu'au pays d’Houphouët-Boigny, les pratiques politiques n'ont fondamentalement pas changé. En réalité, en Côte d'Ivoire, la bataille pour le pouvoir, depuis le décès d'Houphouët-Boigny, elle se passe entre un certain nombre d'acteurs qui ont des fiefs régionaux. Et je crois que ces violences, à chaque élection, montrent qu'on a d'un côté une Côte d'Ivoire qui a réussi à se rebâtir économiquement après la longue crise qu'elle a connue. Mais en même temps, une Côte d'Ivoire qui, sur le plan politique, n'arrive pas à nouveau à se stabiliser, à sortir de la personnalisation du pouvoir. J'ajouterais quand même que l'exclusion de l'ancien président Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam, cela ne pouvait que réduire l'intérêt d'une partie de la population ivoirienne pour cette élection et on le voit à travers le taux de participation.
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  • Mamadou A. Barry: «L'erreur d'Alpha Condé est d’avoir créé une unité de force spéciale sans contrôle»
    Les militaires au pouvoir en Guinée est une longue histoire, qui date de 1984 et qui pourrait bien durer encore plusieurs années. Avec le livre-enquête L'armée guinéenne, Comment et pour quoi faire ?, publié chez L'Harmattan, l'ancien officier franco-guinéen Mamadou Aliou Barry nous emmène dans les coulisses de cette armée dont beaucoup de Guinéens ont peur. Comment quelques centaines de militaires ont-ils réussi à renverser le régime d'Alpha Condé en quelques heures ? Comment réconcilier le peuple guinéen et son armée ? Mamadou Aliou Barry répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Mamadou Aliou Barry, dans votre livre, vous rappelez que le coup d'État de septembre 2021 contre le président guinéen Alpha Condé, a été opéré par les forces spéciales du colonel Doumbouya. Et vous dites que ces forces spéciales avaient été créées quelques années plus tôt, à la suite de l'attentat terroriste de mars 2016 à Grand-Bassam, en Côte d'Ivoire. Pourquoi cet élément déclencheur ? Mamadou Aliou Barry : alors, ce qui s'est passé, c'est que quand il y a eu l'attentat de Grand-Bassam, la France s'est approchée des États côtiers, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Bénin pour leur proposer de mettre en place des forces spéciales pour lutter contre le terrorisme. Parce que l'attentat de Grand-Bassam, ça a frappé tous les gens de la sous-région. La création des forces spéciales, c'est une très bonne idée. Mais le seul problème, c'est quand on crée des unités comme ça, est-ce qu'il faut les mettre sous la coupe directe du président de la République ou sous la coupe de l'état-major des armées ? Et c'est là que vous dites qu'Alpha Condé a commis l'une de ses plus grandes erreurs, c'est de ne pas avoir confié ces nouvelles forces spéciales à l'état-major général des armées guinéennes ? Tout à fait. C'est-à-dire en fait, là, c'est la première fois que Monsieur Alpha Condé crée une unité des forces spéciales qui ne relève que de lui. Vous dites que le loup rentre dans la bergerie ? Tout à fait. À mon avis, l'erreur qu'il a commise, c'est de mettre en place une unité des forces spéciales, de leur donner tous les moyens, et puis de ne plus les contrôler. Et surtout, si, derrière, dans le contexte ouest-africain, le Mali a eu un coup d'État, c'est le commandant des forces spéciales qui a pris le pouvoir. Donc, vous vous posez la question de dire : « bon, est-ce que moi-même, j'ai la maîtrise de cette unité ? » Dans votre livre, vous racontez que c'est par un officier supérieur de la gendarmerie guinéenne que l'ancien légionnaire français Mamadi Doumbouya est introduit auprès du président Alpha Condé. Et vous racontez qu'ensuite, le président envoie cet officier dans de multiples formations militaires en Afrique de l'Ouest et en Europe, et vous précisez même que, lors d'une de ses formations, il fait la connaissance d'un certain colonel malien Assimi Goïta ? En fait, ils se sont rencontrés en 2017. C'est-à-dire qu'il n'y a pas que la France qui s'est occupée des forces spéciales. Je le dis dans mon livre, les Américains organisent régulièrement des manœuvres destinées aux forces spéciales ouest-africaine « Flintlock ». Voilà, C'est dans ce cadre que le commandant Goïta et le colonel Mamadi se sont rencontrés au Burkina en 2017 et se sont liés d'amitié. Le général Brice Oligui Nguema, qui a pris le pouvoir au Gabon il y a deux ans, nous a confié un jour qu'il connaissait très bien le colonel Mamadi Doumbouya depuis plusieurs années. Donc, c'est tout un réseau d'officiers africains qui se connaissent ? Il faut savoir quand même que, quand on prend le parcours du général Doumbouya, quand monsieur Alpha Condé l'a pris, avant même de le mettre à la tête des forces spéciales, il lui a fait faire beaucoup de formations, notamment en Israël et notamment au Gabon et à l'école de guerre à Paris. Cela dit, c'est quelqu'un quand même qui a eu une excellente formation. En conclusion, vous dites dans votre livre que, pour réconcilier l'armée et la nation dans un pays comme la Guinée, il faut restructurer l'armée. Mais comment ? En fait, à chaque fois qu'il y a une crise politique en Guinée, quand l'armée prend le pouvoir, l'opposition vient saluer la prise du pouvoir par les militaires en disant bravo ! C'est ce qu'il s'est passé en 2021 ? 2021, 2010, au temps de Dadis Camara. Mais quand vous prenez tous les programmes des partis politiques, il n'y a aucune réflexion qui est faite sur le rôle, les missions d'une armée, si on arrive au pouvoir. Et c'est ça qui est étonnant. C'est-à-dire ça m'a toujours frappé ça. Il faut absolument que, dans ce pays, on arrive à réfléchir en disant qu'est-ce qu'on fait de l'armée ? Et puis surtout arriver à un contrôle civil de l'outil militaire, c'est-à-dire un pays comme la Guinée aujourd'hui, je prends un exemple très simple, si vous voulez réconcilier l'armée et la population, il faut impliquer l'armée dans des actions visibles pour la population. Et dans le livre, je donne deux exemples. Je dis, le génie militaire, si dans les villages qui sont enclavés, avec des ponts qui n'existent pas ou qui sont défaillants, on envoie le génie militaire qui s'occupe de désenclaver. De construire des ponts, des routes ? Tout à fait. Vous prenez le service de santé des armées. Il y a des villages entiers où il n'y a pas de médecin-vétérinaire, il n’y a pas de médecin. Si le service de santé des armées est impliqué dans la politique nationale de santé publique, les gens vont dire, mais oui, l'armée, on reconnaît. Et puis ce que je dis, le plus important dans mon livre, c'est que si vous prenez ce qui se passe au Sahel, en Guinée, partout, le renseignement est inexistant. Donc, je préconise, il faut mettre en place une vraie académie du renseignement où on recrute des jeunes analystes sortant des universités. À lire aussiGuinée: 51 partis politiques «certifiés» mais pas l’UFDG de Cellou Dalein Diallo ni le RPG d'Alpha Condé
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  • Sitor Senghor: nous voulons que la Foire d'art contemporain africain soit avant tout «un succès commercial»
    Akaa, la grande foire d'art contemporain africain se tient à Paris durant tout le week-end. Akaa fête cette année ses dix ans dans un marché de l'art plutôt morose en raison de la crise économique, mais le nouveau directeur artistique d'Akaa, le Franco-Sénégalais Sitor Senghor entend professionnaliser encore davantage le secteur, et ramener les collectionneurs dans les travées de la foire. À lire aussiLa foire AKAA fête ses dix ans et célèbre la création africaine À lire aussiAKAA 2025: Serge Mouangue révolutionne l’esthétique entre l'Afrique et le Japon      
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  • Madagascar: pour l'essayiste Serge Zafimahova, «les militaires ne risquent pas de confisquer le pouvoir»
    À Madagascar, il reste beaucoup de questions après la chute, il y a dix jours, du président Andry Rajoelina et l'arrivée au pouvoir des militaires. Combien de temps va durer la transition ? Les militaires vont-ils s'incruster à la tête de l'État et confisquer ainsi la victoire politique des jeunes manifestants de Génération Z ? L'essayiste politique Serge Zafimahova, qui préside également la Chambre de commerce Chine-Madagascar, répond aux questions de Christophe Boisbouvier. En ligne d'Antananarivo, il s'exprime aussi sur le nouveau Premier ministre, qui suscite beaucoup de débats dans le pays. RFI : Serge Zafimahova, beaucoup de jeunes de la Gen Z se demandent s'ils ne vont pas se faire confisquer leur victoire par les militaires. Est-ce que leurs craintes vous paraissent fondées ou pas ? Serge Zafimahova : le problème qui se passe actuellement, c'est l'absence d'expérience politique des militaires qui ont pris le pouvoir. Et en fait, ils ne connaissent pas du tout le personnel politique et les oligarques de l'ancien régime. Donc, ils se font un peu dépasser, déborder de ce côté-là. Or, on est face à une Assemblée nationale corrompue qu'on aurait dû abroger dès le départ. Alors, sur la durée de la transition et sur la date des prochaines élections, le nouvel homme fort du pays, le colonel Mickael Andrinirina, n'est pas très clair. Est-ce que vous avez des précisions ? En fait, le plus important pour la communauté internationale, si on prend par exemple la Sadec, que j'ai rencontrée longuement, c'est qu'il y ait un calendrier clair qui justifie que les élections présidentielles ne seront que dans 22 mois. Pourquoi 22 mois ? Cela s'explique pour des raisons simples. Il y a une refonte totale de la liste électorale. Ensuite, il faut savoir qu’un quart de la population malgache n'a pas d'état civil. Donc à 18 ans, ils n'ont pas de carte d'identité nationale. Il y a ensuite la sécurisation des élections au niveau de la Haute Cour constitutionnelle et au niveau de la Cour électorale nationale indépendante. De toute façon, l'Union européenne ne peut pas se contredire. Dans son rapport électoral en 2018, l'Union européenne a demandé à ce que la Haute Cour constitutionnelle soit dissoute. Que la Cour électorale nationale indépendante (Céni) soit dissoute, que des nouveaux textes régissent les élections. Donc tout ça nécessite une période sérieuse, je dirais, pour qu'on puisse remettre tout ça à l'ordre. Tout ce processus devrait être fait en 22 mois. C'est pour ça qu'on parle d'une transition de 24 mois. Sous le couvert du FFKM, le Conseil chrétien des églises à Madagascar. Donc, cette transition de deux ans ne vous paraît pas scandaleuse ? Non, la transition de deux ans n'est pas scandaleuse dans le sens où là, on est déjà dans une procédure, je dirais, accélérée, mais crédible tout de même. L'autre point aussi, en fin de compte, vous avez parlé au tout début de la peur des jeunes que leur révolution soit confisquée. Aujourd'hui, la personne qui a été proposée comme Premier ministre est un proche de l'ancien régime. Donc, c'est un proche d'un grand opérateur économique qui se trouve être le bailleur de l'ancien régime. Donc le fossoyeur de Madagascar. Et c'est tout ça, en fin de compte, qui pose problème aujourd'hui au niveau de la jeunesse. Il y a déjà eu au moins deux coups d'État militaires dans le passé à Madagascar en 1972 et en 2009. Est-ce qu'il n'y a pas le risque que, cette année 2025, les militaires s'installent au pouvoir pour de nombreuses années ? Je ne crois pas parce que, au vu de ce qui s'est passé, je pense que les militaires vont transmettre à un vrai Premier ministre les pleins pouvoirs pour pouvoir mener cette mission. Comme je l'ai dit, la balise, c'est le Conseil des églises chrétiennes à Madagascar, le FFKM. Donc, je ne pense pas que les militaires risquent de confisquer le pouvoir. Et de toute façon, ils ont aussi compris que la population malgache ne va pas se laisser faire. Et ils ont compris qu’il y a quand même un rapport de force qui a été instauré au niveau de la population. Il faut savoir que le problème malgache, c'est la confiscation par l'élite de toutes les sorties de crise. Donc cette fois-ci, on va vraiment partir de la base sociale pour écouter la population, pour qu'on puisse construire ensemble de manière inclusive une loi fondamentale qui tient compte de la réalité socio-économique de Madagascar. De toute façon, on va aller vers une décentralisation forte. Alors, vous l'avez dit, le nouveau Premier ministre est un ami du milliardaire Mame Ravatomanga, qui a fui à l'île Maurice dans la nuit du 11 au 12 octobre. Et aujourd'hui, les nouvelles autorités malgaches ont lancé contre cet homme d'affaires un mandat d'arrêt international avec une notice rouge d'Interpol. Est-ce que le Premier ministre ne risque pas de faire barrage à cette procédure ? Le Premier ministre n'a pas le poids de faire barrage sur cette procédure. De toute façon, au niveau même des militaires, il y a une contestation là-dessus. Je pense que le plus sage pour les dirigeants actuels militaires, c'est de revenir sur leur décision et de mettre en place un Premier ministre accepté par toutes les parties, surtout par ceux qui ont exigé le changement. Donc, je crois qu'on va s'acheminer vers un vrai Premier ministre, cette fois-ci, avec tous les moyens nécessaires pour mettre Madagascar sur les rails, je dirais de l'assainissement et la fin, je dirais, d'un régime oligarchique qui a été mis en place par l'ancien régime. Je crois que c'est en train de se faire. Et sinon, il va y avoir une reprise des manifestations. À lire aussiMadagascar: comment va se dérouler la période de transition
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  • Présidentielle en Côte d'Ivoire: Simone Ehivet prône «le pardon» et «la réconciliation nationale»
    En Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle se tient samedi 25 octobre. Cinq candidats sont en lice, dont Alassane Ouattara, qui brigue un quatrième mandat. RFI donne la parole à chaque candidat. Ce matin, dernier entretien, avec Simone Ehivet, l’ex-épouse de Laurent Gbagbo, qui a créé son parti en août 2022, le Mouvement des générations capables (MGC). Cette figure de l’opposition met l’accent sur la souveraineté économique et sur la réconciliation nationale. Elle répond aux questions de notre correspondante à Abidjan, Bineta Diagne.  RFI : Simone Ehivet, votre principal thème de campagne porte sur la réconciliation nationale. Qu'est-ce que vous voulez faire de plus par rapport à l'administration sortante dans ce domaine ? Simone Ehivet : ce pays a vécu une crise très profonde, une grande déchirure du tissu social, et on peut dire que des choses ont été faites. Moi-même, j'ai bénéficié d'une loi d'amnistie pour sortir de prison, donc des actes ont été posés. Mais le plus grand de ce chantier-là attend encore d'être réalisé. Il faut rendre hommage à ces morts-là pour que l'esprit repose en paix. Il faut organiser le pardon au-delà de ceux qui ont perdu leurs vies, il y a ceux qui ont perdu leurs biens. Il va être nécessaire de traiter la question et de faire les dédommagements. Vous dites que rien n'a été fait. Pourtant, entre temps, il y a eu des dédommagements. Il y a eu la restitution des corps des victimes de la crise à Duekoué, à Toulépleu. On ne peut pas dire que rien n'a été fait ? Moi, je souhaiterais qu'on rende hommage aux morts. Beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, ont perdu leur travail, ont perdu leur commerce. Mais du coup, quinze ans plus tard, qu'est-ce que vous comptez faire ? Mais quinze ans plus tard, il faut faire le point de cela. Il faut pouvoir mettre ensemble les populations pour qu'elles acceptent de pardonner, parce que tout le monde n'a pas accepté de pardonner, aujourd'hui encore. Lorsque vous avez tenu le lead au sein de la Côte d'Ivoire, vous avez mené un combat pour que le dialogue politique puisse avoir lieu, pour que la révision de la liste puisse avoir lieu, pour que la Commission électorale indépendante puisse être réformée. Toutes ces conditions sont toujours là. Qu'est-ce qui vous garantit une participation à cette élection de manière transparente ? Mais nous n'avons aucune garantie de rien du tout. Nous avons écrit trois fois au président de la République pour obtenir la convocation du dialogue. Nous sommes persuadés qu’aller à ces élections-là, telles que les choses se présentent, ça va être une participation très difficile à ces élections. Mais je dis, nous avons également convenu, ayant tiré les leçons du passé, qu’il vaut mieux encore aller à ces élections-là dans des conditions difficiles que pas du tout. C'est-à-dire que pour vous aujourd'hui, le boycott n'est pas du tout envisageable ? Non, faire du boycott aujourd'hui, c'est offrir des résultats au premier tour à Monsieur Alassane Ouattara. Mais alors du coup, si les résultats après ne vous conviennent pas, cela veut dire que vous n'aurez pas aussi la latitude de les contester ou de les critiquer. Si les choses se sont passées et que des gens ont pu observer que, la situation étant difficile, les élections ont eu lieu et que mes électeurs ont pu voter, que je n'ai pas gagné, je n'ai pas gagné. Car quand on va à des élections, on peut gagner comme on peut perdre. Alassane lui-même, il est candidat. Mais qu'est-ce qui garantit qu’il va gagner ? En lice dans cette compétition, il y a aussi Ahoua Don Mello. Pourquoi est-ce que c'était si difficile finalement d'obtenir une candidature unique entre tous les candidats, entre guillemets, issus de la gauche ivoirienne ? Il n'y a pas eu au niveau de l'opposition, ni au niveau de la gauche un débat pour une candidature unique. Mais l'objectif qui était poursuivi, c'était d'obtenir une réforme du système électoral lui-même. Et donc, il était question que chacun fasse ses propres analyses et prenne ses propres décisions. Il y a deux femmes candidates à cette élection présidentielle. Vous-même, vous avez été opposante, vous avez été première dame, vous êtes passée par la case prison, vous avez perdu votre parti, vous en avez recréé un autre. Avec du recul, quel regard vous portez sur votre trajectoire ? Moi, je continue le travail que j'ai fait depuis très longtemps, qui est de poser toutes les actions possibles pour obtenir, dans ce pays-là, la réalisation de la vision que j'ai de la Côte d'Ivoire. Ce que je souhaite pour la Côte d'Ivoire, c'est que ce soit une nation prospère, une nation souveraine, une nation forte, une nation où les hommes qui sont aguerris, qui sont capables de prendre des initiatives, de créer pour le changement. Ce travail-là, il n'est pas achevé et c'est la raison pour laquelle je suis encore dans la course. À lire aussiPrésidentielle en Côte d'Ivoire: la vie chère, l'emploi et la sécurité au cœur du scrutin
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Du lundi au samedi, Christophe Boisbouvier reçoit un acteur de l'actualité africaine, chef d'État ou rebelle, footballeur ou avocate... Le grand invité Afrique, c'est parfois polémique, mais ce n'est jamais langue de bois.
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